En effet, si les fournisseurs de machines, d’équipements et de technologies poursuivent encore et toujours leurs efforts pour optimiser et parfaire des techniques millénaires, les producteurs de tuiles ne sont pas, eux-mêmes, en reste.
Le plus récent exemple de ce “mariage” de la tradition et de la modernité est le lancement par Monier d’une nouvelle tuile en terre cuite d’aspect canal. Fériane, c’est son nom, est le fruit de trois années de travail des unités de recherche et développement de Monier et d’une étroite collaboration sur le terrain localement avec des couvreurs. La R &D au contact du chantier : serait-ce le pari gagnant pour pérenniser en France, une activité qui a fortement souffert au cours des dernières décennies ?
Le postulat de Monier était à la fois simple et complexe : concevoir une tuile très performante en terme de résistance et d’étanchéité, facile et rapide à poser et ce, avec une esthétique traditionnelle des tuiles canal, tout en bénéficiant des dernières avancées technologiques.
Comment Monier a-t-il réussi à satisfaire ce cahier des charges ? Tout simplement parce qu’il est l’un des rares industriels français du secteur à détenir en propre l’ensemble des compétences liées à la toiture : tuiles “terre cuite” et “minéral”, composants de toitures et isolation par l’extérieur. Il n’y a pas de secret !
Cette particularité lui a donc permis de tester sa nouvelle tuile tout au long de son développement en la soumettant à de nombreux tests, au sein de ses laboratoires, dans la soufflerie expérimentale que Monier possède en Allemagne ainsi que sur des chantiers test dans le sud-ouest de la France.
En résumé, il est donc aujourd’hui possible, à l’heure où les matériaux de construction subissent une mondialisation aux effets pervers, tant sur les prix que sur les approvisionnements, de produire, dans une tuilerie de Roumazières (16), une tuile nouvellement créée. Preuve, aussi, que l’on peut, au cœur de la région Charente, employer encore aujourd’hui plus de 180 personnes et produire plus de 80 millions de tuiles chaque année.
Une fabrication française qui devrait faire rosir de plaisir notre ministre du Redressement productif et pour laquelle Monier n’a pas hésité à faire de lourds efforts puisque l’arrivée de cette tuile Fériane à Roumazières a nécessité une modification de certains équipements de l’usine et des investissements de plus de 2,5 millions d’euros.
Comme quoi, il est tout à fait réalisable et rentable de “faire du neuf avec du vieux”, ou plutôt de nouvelles tuiles avec un savoir-faire et des finitions anciennes. Ce n’est pas l’industrie française de la terre cuite qui contredira cette adaptation toute personnelle de ce vieil adage !