Il y a quelques années, lorsque l’on parlait d’une industrie en déclin, on affirmait que bientôt ses dernières usines finiraient en musée. Face au déclin qu’ont connu l’industrie porcelainière française et certaines céramiques, il aurait été facile d’utiliser cette même métaphore, à l’heure où notre nouvelle ministre de la culture vient d’inaugurer le Musée national Adrien Dubouché à Limoges, qui vient d’intégrer l’Établissement public Cité de la céramique – Sèvres et Limoges (lire notre article page 48). Mais, en fait, c’est exactement le contraire.


Si les porcelainiers français ont acquis au cours des siècles une renommée internationale, c’est parce qu’ils ont innové, créé, et surtout insufflé à leur industrie une importante part de recherche et de développement pour faire avancer les technologies de la céramique. En lisant les articles de cette édition, vous constaterez que ces techniques, aussi bien celles qui servent à fabriquer des filtres automobiles que celles qui permettent de produire briques et tuiles, ou carrelages et sanitaires, sont loin d’être des pièces de musée ! Elles mériteraient pourtant d’y figurer, tant, aujourd’hui, l’esthétique et la technologie sont devenues des composantes indissociables des produits céramiques.


Pour revenir à la porcelaine, si elle est célébrée dans les musées, elle l’est aussi dans les halls d’exposition. Il suffit de visiter celui de Bernardaud, rue Royale à Paris, pour se rendre compte que la porcelaine est totalement en phase avec son époque. Le porcelainier limougeaud participe en effet à la Paris Design Week en ce mois de septembre, et propose des articles dessinés par les artistes Jeff Koons ou Sophie Calles, méga-stars de l’art contemporain. Et ce, au moment même où Michel Bernardaud prend la présidence du Comité Colbert, qui œuvre au rayonnement du luxe français. Preuve que l’on peut évoluer dans (presque) le même secteur que les freins ou les filtres automobiles et être digne des travées d’un musée !