Limoges inaugure son Centre européen de la céramique
Mis en service à la rentrée de septembre 2010, le Centre européen de la céramique (CEC) a été officiellement inauguré le17 octobre dernier. L’occasion de présenter ce nouvel outil, situé sur le site de la Technopole Ester au nord-est de Limoges. Unique en Europe, le CEC est un espace qui regroupe les “forces vives” de l’enseignement supérieur et de la recherche spécifiques à la céramique.
S’y regroupent, en effet, enseignements supérieurs et laboratoires de recherche sur les matériaux céramiques. On y trouve les formations de l’école nationale supérieure de céramique industrielle (Ensci) ainsi que celles de l’université de Limoges en relation directe avec les activités de leurs laboratoires associés : le SPCTS (Science des procédés céramiques et traitements de surface) et le GEMH (Groupe d’étude des matériaux hétérogènes).
La première pierre du CEC avait été posée le 16 octobre 2006 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire.
Cette construction neuve de 14 700 m² de SHON (surface hors œuvre nette) constitue un ensemble majeur (immobilier et équipements) au service du pôle de compétitivité céramique dont la performance a été récemment confirmée (figurant parmi les pôles reconduits).
Cette opération dont la maîtrise d’ouvrage a été assurée par l’État (Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche/Rectorat de l’académie de Limoges) a été financée sur le contrat de plan état-Région 2000-2006 et le contrat de projets État-Région 2007-2013, pour un coût total de construction (hors équipements) de 37,2 millions d’euros, dont l’État a financé 17,6 millions (soit 47 %) aux côtés de la région Limousin, pour 8,1 millions (22 %), la ville de Limoges, pour 4,6 millions (12 %) et l’Europe, pour 6,9 millions (19 %).
Les équipements, aménagements définitifs et l’installation représentent un coût de 11,06 millions d’euros financés par l’État (41 %), la Région (25 %), la ville de Limoges (3 %), l’université (6 %), l’ENSCI (3 %) et le fonds européen de développement régional (22 %). Le CNRS a également participé (une part des crédits d’équipement État du CPER a été versée par le CNRS).
Le projet est l’œuvre de l’architecte Jean Dubus. Le 1 % artistique est l’œuvre de l’artiste Felice Varini.
Au cœur d’un réseau regroupant cinq laboratoires et huit centres techniques
Le Centre européen de la céramique est implanté sur le parc d’Ester technopole à Limoges, au cœur d’un tissu technologique et institutionnel spécialisé dans la recherche et le développement de ce matériau. Rappelons que le parc d’Ester Technopole, noyau dur des compétences céramiques fédérées par le Pôle européen de la céramique (PEC), pôle de compétitivité labellisé en 2005, compte une dizaine d’entreprises, deux centres de transfert, le Centre de transfert de technologies céramiques (CTTC) et le Centre d’ingénierie en revêtements et traitements de surfaces avancés (CITRA) ainsi qu’un Centre technique dédié aux matériaux naturels de construction (le CTMNC). Dans son rayonnement national, ce pôle coopératif est animé par 77 entreprises représentant près de 5 000 salariés. Il regroupe cinq laboratoires de recherches et huit centres techniques et de transfert des technologies.
Le Centre européen de la céramique est destiné à faciliter les échanges et synergies entre les nombreux acteurs du site et à les connecter à d’autres réseaux à travers le monde. Il renforce le potentiel de formation-recherche, d’innovation et de transfert de technologies. Il accompagne les entreprises dans leurs approches innovantes en leur proposant un certain nombre d’outils, de compétences et de structures adaptés à leurs besoins. Il est un formidable catalyseur, seul capable de favoriser l’émergence de nouveaux projets d’innovation. Il s’avère être aussi un atout décisif pour l’implantation de nouvelles entreprises et pour la visibilité internationale du Pôle européen de la céramique.
Des formations en lien étroit avec les activités de recherche de haut niveau
La particularité du CEC est de pouvoir mettre en relation, en un même lieu, des formations spécialisées de l’ENSCI et de l’Université de Limoges avec des laboratoires de recherche. Baignant dans un univers de haute technologie, résidant dans un parc où se côtoient des entreprises, des pôles de compétitivité, des centres de transferts et même une autre école d’ingénieurs, l’ENSIL (école nationale supérieure d’ingénieurs de Limoges) les étudiants se retrouvent ici intégrés à un réseau vivant qui crée et élabore les céramiques de demain et leurs procédés.
L’école nationale supérieure de céramique industrielle est une école d’ingénieurs partenaire INSA et membre de deux réseaux nationaux d’écoles d’ingénieurs (Gay Lussac et Polyméca). Elle forme des ingénieurs ayant un portefeuille de compétences spécifiques pour les industries céramiques et verrières et, de façon plus large, pour les domaines d’activités liés aux matériaux minéraux et à l’ingénierie des procédés associés. Cette école dispense également de la formation continue en partenariat avec INSA Valor. En plus du doctorat, les étudiants ont la possibilité de préparer un diplôme de recherche technologique qui correspond à un projet de recherche d’une durée de 18 mois, sur un sujet industriel et en étroite collaboration avec les entreprises.
La faculté des sciences et techniques de l’Université de Limoges propose quant à elle une formation ciblée vers les céramiques de haute technologie pour des applications dans des domaines industriels novateurs. Le “parcours matériaux” de la licence (L3) offre aux étudiants une solide formation de chimiste avec une coloration en élaboration et caractérisation des matériaux. Le master “sciences des matériaux céramiques” forme les étudiants à la recherche et prépare leur professionnalisation dans les domaines des procédés d’élaboration des céramiques (master professionnel) et de la science des matériaux céramiques (master recherche).
L’insertion professionnelle à l’issue de ces formations est excellente, les sortants trouvant très rapidement un emploi dans leur domaine de compétence, à la fois après le master (Bac+5) et après la thèse (Bac+8). À compter de septembre 2012, cette formation universitaire évoluera en s’intégrant dans le Pôle de recherche et d’enseignement supérieur “Limousin Poitou-Charentes” (PRES).
Deux spécialités seront alors proposées : “procédés d’élaboration des céramiques avancées” et “science des matériaux céramiques pour l’énergie, la santé et les nouvelles technologies”.
Les formations proposées sont en étroite connexion avec les activités de recherche de haut niveau menées au sein du SPCTS et du GEMH ; les équipes pédagogiques sont d’ailleurs largement constituées de chercheurs et enseignant-chercheurs de ces laboratoires. Elles permettent ainsi de préparer un doctorat au sein du SPCTS ou du GEMH ou dans tout autre laboratoire national ou étranger dont l’activité est liée à la céramique. Le doctorat relève de l’école doctorale thématique SIMMEA (sciences et ingénierie en matériaux, mécanique, énergétique et aéronautique) du secteur sciences, technologies, santé (STS), l’une des huit écoles doctorales du PRES “Limousin Poitou-Charentes”. Enfin, ces formations sont étroitement liées à l’un des deux pôles de compétitivité du Limousin.
Les différents laboratoires du centre
Le SPCTS est un laboratoire constitué de 83 permanents, enseignants-chercheurs, chercheurs, ingénieurs et techniciens. Il compte en moyenne soixante doctorants et forme une vingtaine de docteurs chaque année.
Unité mixte de recherche regroupant des personnels de l’Université de Limoges, de l’ENSCI et du CNRS, le laboratoire SPCTS développe une spécificité concernant les procédés céramiques et de traitements de surface. L’activité des différentes équipes du SPCTS s’inscrit en fait au carrefour de plusieurs disciplines : sciences et génie des matériaux, physico-chimie du solide, génie des procédés, thermique… L’objectif principal du laboratoire est de décrire, caractériser, comprendre, maîtriser et modéliser/simuler les différentes phases de l’élaboration de céramiques et de dépôts, en vue de la réalisation de composants dotés de propriétés nouvelles ou spécifiques.
Le SPCTS travaille sur trois grands axes de recherche : les procédés céramiques, les procédés de traitements de surface et l’analyse structurale multi-échelle des matériaux.
Une plateforme de frittage unique en France
Le SPCTS développe des relations avec le monde industriel et les grands organismes (DGA, CEA, Ademe…). Il possède en particulier un laboratoire commun avec la société Air Liquide sur le thème de la production de gaz de synthèse et d’hydrogène et est le laboratoire correspondant du Centre CEA du Ripault sur le thème de la projection plasma. En outre, deux centres de transferts de technologies reconnus CRT (Centre de ressources technologiques) par le Ministère prennent appui sur des compétences présentes dans l’Unité : le Centre de transfert en technologies céramiques (CTTC) et le Centre d’ingénierie en traitements et revêtements de surface avancés (CITRA). Le SPCTS dispose de la plupart des outils performants d’élaboration et de caractérisation des matériaux céramiques dont deux plateformes conséquentes de microscopie électronique et de caractérisation par rayons X. De plus, un ensemble d’équipements de mise en forme spécifiques est disponible, dont : dépôts par CVD, PVD, ablation laser, coulage en bande, sérigraphie, pressage isostatique, extrusion ; méthodes numériques (jet d’encre, stéréolithographie). Il vient enfin de se doter d’une plateforme de frittage unique en France (frittage sous atmosphère contrôlée, sous charge uniaxiale et isostatique, SPS).
Le GEMH
Le GEMH est un laboratoire pluridisciplinaire rattaché à l’Ensci et l’Université de Limoges, structuré en deux équipes :
• matériaux minéraux de grande diffusion : une équipe d’environ 40 personnes, dont 14 enseignants-chercheurs et 16 doctorants, basée à Limoges dans les locaux du CEC ;
• génie civil et durabilité : une équipe d’environ 20 personnes, basée à Egletons dans les locaux de l’IUT du Limousin.
La création, en 1997, d’une unité spécialisée dans l’élaboration et la caractérisation de matériaux très hétérogènes correspondait à la volonté de l’ENSCI de se donner les moyens de développer une recherche universitaire dans le domaine des céramiques silicatées, des liants minéraux, des terres cuites, des réfractaires et des émaux et ainsi de répondre à certaines des préoccupations d’un secteur industriel (les matériaux minéraux de grande diffusion) employant plus de deux tiers de ses ingénieurs.
Ses actions prioritaires concernent :
• la consolidation à froid des matériaux : mécanisme réactionnel et développement de nouveaux procédés ;
• les procédés d’élaboration et la microstructure de céramiques : (a) maîtrise de la microstructure de produits dérivés des matières premières naturelles, (b) aspects thermiques des procédés ;
• le comportement mécanique et thermique de matériaux hétérogènes : caractérisation et simulation.
Le GEMH travaille en étroite collaboration avec les entreprises du secteur “matériaux minéraux” en France et en Europe ainsi que des centres techniques comme le centre technique de matériaux naturels de construction. Cette approche est menée de pair avec des recherches à long terme et, depuis ses débuts, l’équipe de Limoges compte à son actif plus de 200 publications de rang A, dans un champ d’activités traditionnellement considéré comme technologique.