En une dizaine d’années, les effectifs de la production française de vaisselle ont diminué de 35 % : quelles en sont les raisons ? Guy Bourgeois (notre photo), président de la Confédération des Arts de la Table (CAT), répond à cette situation en présentant la composition des familles qui forment cette filière française.

Trois grandes familles d’activité

« Les Arts de la table, rappelle Guy Bourgeois, sont composés de trois grandes familles d’activité. La première englobe les produits dont chacun se sert tels qu’assiettes, verres et couverts, réalisés en céramique, porcelaine, verre, inox… Une autre famille est constituée de produits servant à préparer la nourriture tels que plats, terrines, casseroles en céramique, grès, faïence, porcelaine, métal… La dernière est représentée par les produits de décoration pour la table tels que chandeliers, supports de bougies… Les professionnels utilisent pour la fabrication de ces trois familles des savoir-faire souvent similaires et ont aussi pour tâche d’en assurer la commercialisation. Or ce marché résiste à la crise avec un chiffre d’affaires qui reste stable à cinq milliards d’euros », poursuit-il.

Des obligations de respect de normes positives

En effet, comme beaucoup d’autres secteurs d’activité, les produits des Arts de la table sont confrontés à la mondialisation, en particulier les produits en céramique importés d’Asie. Et si le chiffre d’affaires français de la filière reste stable, le nombre des produits chinois sont passés en France de 15 à 60 % du marché de la céramique de table en une dizaine d’années, conduisant à la fermeture d’un grand nombre de PME de ce secteur et entraînant une baisse des effectifs de 35 % depuis 2007.
« Plusieurs raisons expliquent cette situation, explique Guy Bourgeois. Les premières viennent du coût de la main-d’œuvre française et de celui de l’énergie utilisée pour cette production qui implique une cuisson à plus de 1 000 degrés : des coûts évidemment très inférieurs en Chine. S’y ajoutent des obligations de respect de normes positives, qu’elles soient environnementales ou de sécurité, auxquelles s’en ajoutent d’autres : ainsi les oxydes de plomb sont interdits pour les décors en France. Autant de normes inconnues pour la production chinoise. De plus, des actions de lobbying accentuent ces obligations de respect des différentes normes, alors que des actions de lobbying inverses sont appliquées par la grande distribution. Si bien que certaines assiettes se trouvent en vente à moins d’un euro, alors que les assiettes françaises les plus bas de gamme le sont entre 5 et 25 euros ».

Une deuxième vie pour ces produits

Mais une raison de fond s’ajoute à cette situation du marché : la consommation des Arts de la table a changé. Auparavant, ces produits étaient offerts en cadeaux de mariage et duraient toute une vie. De nos jours, ils sont devenus des objets de consommation avec une durée de vie moins longue. Pour répondre à cet état de fait et prendre en compte ces changements de consommation, la CAT a donc décidé ponctuellement de donner une deuxième vie à ces produits. Il a ainsi été proposé du 27 avril au 19 mai 2012 aux personnes désireuses de se délester de certains produits de table qui ne leur plaisaient plus, de les déposer dans un des 500 points de vente choisis par la CAT, au bénéfice de la Croix Rouge. Ces produits ont été en partie remis en circulation à l’intention de personnes dont les moyens sont limités.