Carrière Montpothier d’Imerys, retour à la nature
[ juillet 2011 ]
Ce sont 200 sites qui ont été ouverts pour les Journées européennes des minéraux industriels 2011 (European Minerals Day). Elles se sont déroulées dans 27 pays d’Europe, du 13 au 15 mai, sur le thème de la biodiversité. Lors de ces journées, Imerys ceramics France a organisé la visite de l’une de ses anciennes carrières, sur le site de Montpothier (voir également cet article).
Située à l’écart des routes, la carrière est préservée et offre un habitat devenu rare pour de nombreuses espèces, animales et végétales, qui sont chassées par l’urbanisation d’une part et par l’agriculture d’autre part. Visite des lieux.
Habitats hétérogènes
La carrière de Montpothier est située à La Saulsotte, à 10 km au nord de Nogent-sur-Seine, dans le département de l’Aube. Elle concerne un gisement d’argile très étendu, à la limite entre les régions Île-de-France et Champagne-Ardenne. L’argile, principalement destinée au réfractaire, a été exploitée depuis le début du XIXe siècle. Cette argile, sous recouvrement, a d’abord été extraite par galeries puis à ciel ouvert, jusqu’en 1998.
Depuis cette date, la carrière fait l’objet de réaménagements pour favoriser l’hétérogénéité de ses habitats. Les travaux de réaménagements ont concerné le remodelage des sols, l’aménagement de plans d’eau et le maintien de zones arbustives et herbacées pour en faire un espace naturel sensible. En 2000, le site a été classé Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
Partenariat entre Imerys et le Conservatoire du patrimoine naturel
En 2007, un partenariat a été signé entre le groupe Imerys, propriétaire des terrains, et le Conservatoire du patrimoine naturel de Champagne-Ardenne, pour la gestion du site de Montpothier. Ce partenariat concerne la gestion, pour dix ans, des 40 ha de la carrière.
À cette occasion, un inventaire a révélé un contenu floristique et faunistique exceptionnel : plus de 260 espèces végétales, dont 11 d’intérêt patrimonial, et 180 espèces animales, dont 35 d’intérêt patrimonial.
Le site est une mosaïque de zones humides variées, alternant avec des milieux ouverts, dénudés et secs : cela crée une diversité d’habitats pour une faune et une flore qui sont rares ailleurs dans la région. « La mission de gestion du site, indique Jean-Philippe Couasné, chargé de missions pour le Conservatoire du patrimoine naturel de Champagne-Ardenne, concerne par exemple des chantiers de débroussaillage. Les travaux sont financés par des subventions de l’Europe, l’État, l’agence de l’eau Seine-Normandie, les Conseils généraux et régionaux. »
Mares temporaires et pelouses sèches
« Le site est situé sur une butte, et il ne reçoit pas d’eau de l’extérieur, seulement par la pluie », explique Jean-Philippe Couasné.Pourtant, ajoute-t-il, « les pelouses sèches ne couvrent que la moitié de la surface de la carrière. C’est aussi là que l’on trouve l’orchidée Orchis militaire par exemple. On compte 18 habitats différents, répartis en mosaïques, et créant des milieux ouverts ou fermés. Les mares temporaires se créent lors des pluies, sur du substrat nu: elles peuvent couvrir trois hectares ». Au centre de la carrière, le plan d’eau principal accueille des roseaux, parmi lesquels se glissent des batraciens ou des libellules. Le site comporte sept espèces végétales rares (orchidées), 35 espèces rares de faune, 72 espèces d’oiseaux (dont 66 nicheuses), 11 espèces d’amphibiens (tritons, crapauds, grenouilles) cinq espèces de reptiles dont un lézard vert, 16 espèces d’orthoptères (grillons…) dont le grillon bordelais, et 20 espèces d’Odonates (libellules et demoiselles). La valorisation du du site est assurée par des promenades organisées, mais pas libres, pour préserver la nature revenue.