La Sas BCI (Bretagne céramique industrie) située à Languidic (56) et créée dans les années 1930, a été reprise par Vincent Vallée et Paul Guilloux en 1998. La société, anté­rieu­rement orientée vers la poterie de jardinage, s’était déjà tournée vers la sous-traitance industrielle (emballages céra­miques : plats et terrines alimentaires). Mais son dirigeant actuel et son associé ont engagé une forte mutation vers la création de produits culinaires à partir de 2003.

Choix de l’argile blanche produite dans le centre de la France ou en Allemagne

Vincent Vallée s’explique. « Dans les années 1950, près de 260 entreprises étaient inscrites à la Fédération française des industries céramiques : elles ne sont plus qu’une vingtaine actuellement. Une situation due à la concurrence venue des pays d’Europe du sud et d’Asie, mais aussi du fait que la céramique est confrontée à d’autres matières plus faciles à exploiter et produire. Les précédents dirigeants de BCI utilisaient pour leur poterie de jardinage de l’argile rouge puisée sur place. Nous utilisons désormais de l’argile blanche produite dans le centre de la France ou en Allemagne. La production de produits de table représente aujourd’hui 65 % de notre production, les 35 % restant orientés vers la sous-traitance industrielle. »
Pour lancer cette nouvelle production, Vincent Vallée n’a pas lésiné : création d’une nouvelle marque, Appolia, avec des créa­tions en interne mais également avec un designer indépendant, Jacky Le Faucheur, connu dans les Arts de la table, et un intense travail commercial en France-même mais aussi à l’export.

« Ce métier manque de céramistes qualifiés »

« Nous n’avions pas le choix : nous devions réussir, poursuit Vincent Vallée. Mais dans ce secteur spécialisé des produits de la table nous nous trouvions face à des marques qui avaient 200 années d’expérience, nous devions travailler avec des magasins spécialisés… Nous avons d’abord misé sur la qualité et la sécurité en sélectionnant des émaux garantis sans plomb et sans cadmium. Et parce que la créativité nécessite de savoir à la fois humer à l’avance les besoins du marché mais aussi doser ces relookages et se remettre inlassablement en question, nous travaillons avec le créateur Jacky Le Faucheur qui nous a permis d’aller de l’avant. C’est ainsi que depuis 2009 nous proposons des planchas en céramique, tout une gamme de cocottes dans de nombreux coloris et avec nouvelles formes, réalisées dans une pâte céramique qui leur permet à la fois d’aller directement sur la flamme ou directement du four sur la table.
Mais ce métier manque de céramistes qualifiés, les organismes de formation sont rares, les élèves issus des différentes formations souvent peu mobiles…, » poursuit-il. 

Une exportation significative

Nous avons également beaucoup tra­vaillé l’export où nous visons les pays à forte croissance. Or l’export implique d’engager un commercial pour les relations internationales, de bien connaître les habitudes alimentaires des pays que nous ciblons et de détecter les produits qu’ils utilisent le plus pour répondre à leurs attentes avec ce que nous leur proposons, être présents à de nombreux salons internationaux… Notre directeur export doit effectuer de nombreuses démarches suivies de longues périodes de négociations… Je dois également me déplacer souvent. Tout ceci demande beaucoup de temps et implique d’importants investissements. Mais au bout de sept ans, la marque Appolia représente 50 % de notre chiffre d’affaires 2010 qui s’élève à 4,5 millions d’euros. Nous exportons significativement depuis cinq ans vers les USA, quatre ans vers l’Angleterre, un an vers le Japon, depuis peu vers la Chine, si bien que nos exportations représentent près de 25 % de notre chiffre d’affaires », conclut Vincent Vallée.