Inauguration du musée national Adrien Dubouché

Depuis janvier 2010, la Manufacture nationale de Sèvres et le Musée national de la céramique, deux services à compétence nationale du Ministère de la culture et de la communication, sont réunis en un établissement public administratif.
Par décret du 6 avril 2012, le Musée national Adrien Dubouché à Limoges, lui aussi service à compétence nationale du Ministère chargé de la culture, a intégré l’établissement public Sèvres – Cité de la céramique, qui devient dès lors la Cité de la céramique – Sèvres & Limoges.
Ainsi, le nouvel établissement public souhaite renforcer son projet de Pôle international de la céramique et des arts du feu, en croisant les synergies respectives des trois établissements, dans le respect de leurs missions respectives et pour un rayonnement affirmé de la céramique. Une politique scientifique et patrimoniale, une stratégie de développement culturel qui devraient désormais être engagées au sein de ce nouvel établissement public élargi.

UNE SIGNALÉTIQUE… PORCELAINIÈRE!

L’atelier ter Bekke & Behage a proposé la création d’une nouvelle identité graphique institutionnelle qui enouvelle fortement l’image du Musée Adrien Dubouché tout en s’inscrivant dans le contexte industriel propre à la ville de Limoges. « Notre projet pour l’identité visuelle, la signalétique directionnelle et la signalétique muséographique du Musée national Adrien Dubouché a été fortement inspirée par la présence de l’industrie de la porcelaine dans la région de Limoges, expliquent Evelyn ter Bekke et Dirk Behage. Après avoir visité plusieurs manufactures, nous avons été particulièrement sensibles aux méthodes de fabrication des objets en porcelaine : dans le cadre d’une production en série, la mise au point des moules, le coulage de la pâte et le démoulage des objets laissent une large place au jeu des formes et des contre-formes. De ces observations est née l’idée de créer une typographie singulière qui s’imposerait comme un signe fort et un élément premier de la personnalité du Musée », poursuivent-ils . Inspirée des caractères Gothics, cette typographie s’affirme au travers du logotype du Musée, qui donne une dimension symbolique à cette écriture. Chaque mot de cet intitulé acquiert sa valeur propre : le terme “Limoges”, ajouté au logotype, porte en filigrane la notion de “musée de la porcelaine”. Les traits horizontaux “en tête” et “en pied” de chaque lettre créent un espace qui reprend cette idée de forme et de contre-forme propre à cette typographie. La conception de la signalétique directionnelle, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du bâtiment, est basée sur la mise en espace de la typographie traduite en lettres de porcelaine : le souhait des designers était en effet de valoriser les savoir-faire locaux et de travailler avec des entreprises de Limoges. La signalétique directionnelle est donc constituée de lettres blanches en porcelaine sans autre support qu’une grille en tiges métalliques d’une grande finesse. Ces totems typographiques sont complètement autonomes par rapport au bâtiment car ils ne sont jamais fixés aux murs : l’absence de panneaux opaques donne à la signalétique une présence forte tout en gardant transparence et légèreté. Les titres des grandes sections qui structurent le parcours muséographique reprennent le système de la signalétique directionnelle mais les lettres en porcelaine sont bleues, et non plus blanches. Les textes pédagogiques sont, quant à eux, regroupés sur des tablettes et imprimés sur des plaques en porcelaine : là encore, Evelyn ter Bekke et Dirk Behage ont voulu utiliser la porcelaine de Limoges pour que les visiteurs prennent conscience du caractère résolument contemporain de cette matière.

16000 pièces conservées dans le musée

Aurélie Filippetti inaugure le musée

Le Musée national de porcelaine Adrien Dubouché a donc ouvert ses portes le 29 juin dernier en présence d’Aurélie Filippetti, la toute nouvelle ministre de la Culture, après une campagne de rénovation architecturale et muséographique.
Il possède la collection publique la plus riche en porcelaine de Limoges et compte également, dans ses collections, des pièces représentatives des grandes étapes de l’histoire de la céramique, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, soit un ensemble de 16 000 oeuvres.
Construit par Henri Mayeux, et inauguré en 1900, classé monument historique en 1992, l’édifice ne présentait plus les conditions nécessaires au fonctionnement d’un musée contemporain. Il devait s’adapter à l’accueil d’un public plus large et se doter de nouvelles possibilités de présentation des collections : redéploiement du circuit de visite dans un parcours étendu, mise en place d’un espace dédié aux scolaires et d’un auditorium pour accueillir des colloques, mise en conformité avec la loi de 2005 sur l’accessibilité aux personnes souffrant d’un handicap moteur.
En 2003, le Ministère de la culture et de la communication lance un concours européen pour les travaux d’extension du Musée, à l’issue duquel le projet de l’architecte autrichien Boris Podrecca est sélectionné avec la muséographe Zette Cazalas. Les travaux bénéficient des crédits délégués au titre du Plan musées en régions. La première pierre est posée en septembre 2009.
Avec une surface d’exposition doublée, une nouvelle exposition de cette collection encyclopédique est rendue possible. Le parcours muséographique a ainsi été entièrement repensé par l’équipe scientifique. Il se veut à la fois chronologique et thématique pour proposer une approche plus intuitive des collections. Il a été conçu de façon circulaire pour une meilleure gestion des flux de visiteurs et permettre des visites ciblées.

Les techniques de la céramique

La visite commence par le plateau en mezzanine du nouveau bâtiment, qui a fait l’objet d’une première ouverture au public, en mai 2011. Cet emplacement stratégique d’environ 200 m2 dédiés aux techniques de fabrication de la céramique constitue à la fois un point de départ et une conclusion de la visite.
Le parcours commence par la vitrine four, avec un mobilier spécifique qui prend la forme d’une vitrine-objet, en hommage à “Li moges la Rouge” du XIXe siècle, éclairée des feux des manufactures. Constituée de verres imprimés, elle s’inspire du Rosenthal Museum à Selb en Bavière et présente les différents degrés de cuisson des céramiques ainsi que quelques maquettes de fours.
Puis est abordé chacun des aspects de la fabrication de la céramique: extraction des matières premières, traitement des matériaux, modelage des pièces, tournage des objets, modelage, coulage, décors à la main, industrialisation des décors.
Parmi les pièces, certaines machines encore inconnues du public sont révélées car elles n’avaient pu être montrées dans le parcours précédent, faute d’espace suffisant. À la fin de cette première partie, une vitrine est dédiée à une étape plus technique de la céramique au travers de ses utilisations contemporaines : objets de cuisine, prothèses, formes de designer…

L’histoire de la céramique, de l’Antiquité à nos jours

La visite se poursuit au rez-de-chaussée de l’ancien Musée construit par Henri Mayeux où est présentée l’histoire de la céramique, de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle. Un retour sur la construction du Musée et la vie de son premier directeur Adrien Dubouché se fait dans la première salle. Puis sont présentés, de façon chronologique, poteries, grès et faïences de l’Antiquité à la Renaissance.
Une dimension thématique s’ajoute à cette chronologie avec la présentation des oeuvres de porcelaine de Chine.
Le parcours s’attache alors à montrer les influences réciproques entre cette production orientale et la production occidentale, notamment au travers des décors bleu et blanc, influences particulièrement perceptibles dans cette nouvelle présentation.
Ce jeu d’influences réciproques entre différents centres de production se joue également au niveau des formes et des motifs. Devenue un point de référence, le secret de la fabrication de la porcelaine a été cherché pendant de nombreuses années par tous les souverains européens.
Au XVIIIe siècle, la faïence française est en plein essor. Moustiers, dans le Sud de la France se distingue par sa production. Au milieu du XVIIIe siècle, le décor de petit feu est mis au point par la manufacture de Strasbourg puis adopté par un grand nombre de faïenciers, face à la concurrence de la porcelaine. À cette même période, en Angleterre, est mise au point une nouvelle matière céramique mêlant des argiles blanches à du silex calciné et broyé : la faïence fine.
En France, la Manufacture de Vincennes devient manufacture royale, sous la protection de Madame de Pompadour puis s’installe à Sèvres en 1756 et permet à deux de ses chimistes de découvrir en 1768 les premiers filons de kaolin en France, à Saint-Yriex-la-Perche, près de Limoges.
Mais dès 1710, à Meissen, le secret de la porcelaine a été percé par Böttger, un alchimiste au service de l’électeur de Saxe. Et c’est en 1771 que la manufacture royale de Sèvres convertit une partie de sa production en porcelaine dure, grâce à ce fameux secret du kaolin, cette argile blanche ajoutée dans la composition de la pâte de porcelaine.
La suite de la visite se fait au rez-de-chaussée du bâtiment de l’ancienne école des Arts Décoratifs. Sont présentées les céramiques de l’extrême fin du XVIIIe siècle, des XIXe et XXe siècles, dans les trois salles de cet étage.
Notons qu’un plateau a été spécialement dédié aux collections du Frac Limousin (Fonds régional d’art contemporain) et du Craft (Centre de recherche sur les arts du feu et de la terre).

Galerie des techniques, vue depuis la mezzanine.
Laissez un commentaire