Reprise de la Faïencerie d’Art Breton par la holding Ciranoé
Jean-Pierre Le Goff, président de la holding Ciranoé, a conclu le 2 août 2011 un accord pour la reprise de la FAB (“Faïencerie d’Art Breton”) créée en 1994. Elle est le principal concurrent de Henriot-Quimper, qu’il avait repris un mois plus tôt à la suite de la mise en redressement judiciaire de la faïencerie quimpéroise, créée en 1690 et labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant. (lire également ICV n°1034 page 8 et 1036-1037 page 12).
La FAB avait été créée en 1994 par les anciens dirigeants d’HB Henriot, évincés par le patron américain de l’époque, Paul Janssens. Les différends entre les deux sociétés étaient de notoriété publique à Quimper, une situation préjudiciable à la faïencerie quimperoise. Elle a été habilement réglée par Jean-Pierre Le Goff qui s’emploie à coordonner les positionnements des deux entreprises en valorisant les atouts de chacune. Quelles solutions Jean-Pierre Le Goff a-t-il choisies pour pérenniser ces deux faïenceries hier concurrentes, sauvant ainsi la faïencerie quimperoise en bien mauvais état ?
La FAB positionnée sur le marché du produit à vocation populaire
« La Faïencerie d’Art compte neuf salariés pour un chiffre d’affaires de 700 000 euros, expose Jean-Pierre Le Goff, et propose à sa clientèle des produits tels que bols, plats culinaires…, ainsi que des produits en terre cuite provenant de Vallauris ou de Limoges qui constituent le tiers de la collection. Les deux autres tiers sont composés de produits dérivés : nappes et serviettes, ainsi que divers objets typiquement bretons. Pour attirer une plus large clientèle, elle a également développé une production de faïences décorées au moyen de chromos, technique permettant de proposer une faïence de qualité à prix plus abordables. Nous en sommes en ce moment à étudier et clarifier les gammes actuelles, mais il est sûr que la FB restera positionnée sur le marché du produit à vocation populaire, destiné notamment à une clientèle touristique. Nous recherchons aussi des compléments de gamme pouvant s’insérer au sein d’une offre cohérente, des produits textiles par exemple , » poursuit-il.
Pour HB Henriot, réorganisation de la production
Concernant la société Henriot-Quimper, qui compte 26 personnes générant un chiffre d’affaires annuel d’environ deux millions d’euros, les articles produits par l’entreprise sont de niveau haut de gamme, réalisés en faïence, cuite au four dans l’atelier à Quimper-même et peints à la main. Il s’agit de produits d’art de la table, d’objets de décoration, pièces uniques et rééditions d’œuvres d’artistes, de cadeaux d’affaires et de bijoux.
« Comme l’atelier était fonctionnel, explique Jean-Pierre Le Goff, nous l’avons réorganisé et prévoyons des investissements permettant notamment de créer des moules en CAO et d’être ainsi plus réactifs : il s’agit d’une étape indispensable aujourd’hui pour faire véritablement entrer la faïence dans le xxie siècle. Par contre, les locaux commerciaux et administratifs étant trop vastes et éloignés de l’atelier de production, le personnel s’est ré-installé dans de nouveaux bureaux plus fonctionnels. Les frais généraux ont également été réduits. Actuellement, nous sommes dans une phase d’analyse et de recherche de créateurs non seulement pour les bijoux, mais aussi pour l’art de la table et les objets de décoration… Un concours de créateurs devrait d’ailleurs être lancé en 2012 pour renouveler les gammes ».
Un “master céramique” devrait voir le jour à Quimper
Jean-Pierre Le Goff s’est en effet aperçu que la France manquait de sculpteurs modeleurs en céramique. « Nous nous sommes alors mis en rapport avec l’École Européenne Supérieure des Beaux-arts de Bretagne qui devrait créer pour ses étudiants un master céramique dans une partie des locaux libérés par Henriot-Quimper. Les deux faïenceries concentrent aujourd’hui leurs efforts sur la période des achats de Noël, avant de mettre en place un plan d’action commerciale pour 2012. Après l’étude des bilans, de nouvelles décisions seront prises, pour FAB en particulier, durant les mois de mars-avril pour la saison de septembre, » conclut Jean-Pierre Le Goff.
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didier sanz
3 rue du Bouffay
44000 NANTES
( LES CONVERSATIONS DU BOUFFAY )
1930 – 2030